A) Une source humaine de documentation
En termes de restitution historique et architecturale, quand on pense à des documents à réunir pour travailler sur un bâtiment, on pense tout de suite à des images, des plans, des photos, des documents somme toute évidents. Ce sont des documents produits par des scientifiques pour leurs pairs.
Mais, lorsque l’on travaille à restituer des époques proches ( on peut ainsi remonter jusqu’en 1930 ), il est possible de faire appel à des personnes très âgées, pour celles dont le cerveau n’a pas été altéré par leur âge. Et, justement du fait de leur âge, il leur est d’autant plus façile de faire appel à des informations de leur jeunesse.Il est difficile de se douter de la richesse d’informations que l’on peut trouver dans la mémoire des personnes âgées. Cela permet d’aller beaucoup plus loin qu’avec les photographies d’époque, souvent floues, granuleuses et en noir et blanc, et on peut ainsi découvrir des informations avec parfois une précision étonnante. Leurs couleurs, leurs matières, des dates sont ainsi attestés en croisant les témoignages, alors qu’il serait impossible de trouver ces données dans les documents classiques.
Un exemple concret, parmi mille, serait la présence de goudron sur le bas des piliers de soutien du dancing « L’Aérien » ( voir ici ) ; Indétectable sur la photo de référence, savoir qu’il s’agit de goudron nous permet de placer à cet endroit de notre bâtiment virtuel une matière conforme à ce qu’un pilier goudronné doit ressembler, et ainsi rajouter de la diversité et du réalisme dans la scène.
B) Des souvenirs fragiles et parfois trompeurs
Pouvoir se promener dans la scène virtuelle crée aussi un jeu entre la personne âgée interviewée et la RTR, puisque d’être ainsi replongé dans ce passé retrouvé déclenche la résurgence de souvenirs oubliés ; Au fur et à mesure que la scène virtuelle s’affine, on peut aller plus loin encore dans la confrontation entre souvenirs et restitution.
Malheureusement, comme tout souvenirs, ils sont aussi sujet à prudence. Les souvenirs peuvent s’altérer avec le temps, et leur précision dépend de la manière dont on y accède. Il est important, si cela est possible, de pouvoir croiser plusieurs témoignages pour faire le tri entres points concordants et points discordants. De même, lors de l’interview, il faut arriver à poser les questions de telle sorte que la personne soit encouragée à essayer de se souvenir, sans toutefois induire de faux souvenirs. C’est un exercice délicat, sans parler de la susceptibilité de la personne qui peut la faire réagir en touchant à des souvenirs particuliers ou des moments de son vécu qui ont provoqué une souffrance.
C ) Des scènes de vie
Plus encore, et ce qui nous intéresse particulièrement en tant que fournisseurs d’univers simulant la réalité, ce sont toutes ces anecdotes, allant de l’utilisation du lieu la plus simple à sa situation détaillée dans les conditions sociales de l’époque, que l’on peut réinjecter ensuite dans les restitutions temps-réel pour les enrichir.
Un autre exemple serait cette personne ( voir image ) qui nous racontait comment elle allait sonner les cloches de l’église avec d’autres enfants du village ; Non seulement nous glanions des informations à la volée ( montée de marches en bois, nombre d’étages, corde ) mais il nous est aussi possible de créer des animations concordantes pour que le visiteur de la RTR voie, lui aussi, des enfants sonner les cloches tel que cela nous a été raconté.
Pour Novo3d, les témoignages de nos anciens sont une ressource précieuse et une expérience toujours enrichissante, et nous espérons avoir encore l’opportunité de travailler avec eux, et pour eux, sur de nombreux projets.